Parutions
Il ne suffit pas de croire
Albert Schweitzer
Un ouvrage de 152 pages en format de poche. 10 €.
Editeur Eric Peyrard. Editions Ampelos 2018 – www.editionsampelos.com
« Les trois premiers textes de ce recueil datent de 1903 et 1906 : « Le protestantisme et la science théologique », « Notre temps et la religion », « Jésus et nous ». Albert Schweitzer a environ 30 ans. Il s’agit là de conférences prononcées dans l’église St Nicolas de Strasbourg sous l’égide de l’Union Protestante Libérale. Schweitzer est alors pasteur de cette paroisse. Le dernier texte, publié à l’origine sans nom d’auteur, « La théologie d’Albert Schweizer », date de 1926 ; il fut en fait écrit par Schweitzer lui-même.
La traduction, les notes et l’introduction très fouillée de cet ouvrage sont dues à Jean-Paul Sorg ; il sait saluer en Schweitzer le philosophe et le théologien. Une bibliographie générale des ouvrages en français de Schweitzer et une précieuse chronologie biographique complètent cet ensemble. »
Laurent Gagnebin
Note du traducteur
Il ne suffit pas de croire n’est pas une phrase de Schweitzer, mais il aurait pu la dire, il en a souvent dit la pensée d’une autre façon, et en tout cas il a agi et vécu en conséquence, avec la conviction précocement mûrie que la croyance, la foi, l’assurance de la foi, ne saurait épuiser la religion, n’importe quelle religion.
L’expérience dans la vie quotidienne lui a appris que « les œuvres ne viennent pas de la foi, c’est la foi qui vient des œuvres ». Il a encore noté plus tard : Religion beruht nicht auf Glauben (la religion n’est pas fondée sur la croyance), et en français : « La religion est au-dessus des croyances ».
Cent ans après leur rédaction, il reste quelque chose de subversif dans ces textes du « jeune » Schweitzer d’avant Lambaréné – et encore dans le dernier texte écrit à Lambaréné un dimanche après-midi, avant de reprendre lundi les activités médicales et de poursuivre les travaux de construction d’un nouvel hôpital…
Le philosophe Schweitzer analyse les phénomènes de la civilisation. Son interrogation sur l’avenir de la religion chrétienne et sur une culture religieuse générale nous interpellent aujourd’hui encore.
Un extrait (Le protestantisme et la science théologique, 16 février 1903)
« Nous vivons à une époque où tant de gens, entraînés par le flot rapide des actualités et l’esprit déformé par des informations désordonnées et des raisonnements superficiels, regardent la religion comme une antiquité. Ils la considèrent du même regard distrait que de la fenêtre d’un train ils jettent aux ruines des châteaux-forts perchés sur les contreforts des montagnes. Mais la conscience que les religions sont des réalités humaines qui ne disparaissent pas quand leurs formes historiques changent ou même tombent en ruine, cette conscience ne peut être fondée que par une culture religieuse et historique approfondie. »
Avis d’un lecteur, Jean-Marie Kohler :
« Ce texte met bien en évidence l'audacieuse lucidité dont a fait preuve Schweitzer, une fois de plus, sur des questions absolument essentielles.
Le génie de ce précurseur est certes à rappeler aujourd'hui, même si d'autres croyants et penseurs exigeants ont suivi et suivent encore les mêmes chemins - sans être entendus…
Que se passerait-il concrètement si, au lieu de gérer la survie des institutions et des dogmes hérités, les Églises acceptaient vraiment d'affronter ces questions ?
Oui, "la foi vient des œuvres", et il ne suffit assurément pas de croire ; hors de là, le naufrage du christianisme est assuré dans le monde contemporain... »