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Le problème de l’éthique dans l’évolution de la pensée humaine

in Revue des Travaux de l'Académie des Sciences morales et politiques, 1952

Le principe de cette vénération de la vie correspond à celui de l'amour, tel qu'il a été découvert par la religion et la philosophie qui cherchaient à comprendre la notion fondamentale du bien.

Le terme "respect de la vie" est plus large et, par cela, plus terne que celui d'amour. Mais il porte en lui les mêmes énergies.
Cette notion essentiellement philosophique du bien a aussi l'avantage d'être plus complète que celle d'amour. L'amour ne comprend que nos obligations envers d'autres êtres, mais non celles vis-à-vis de nous-mêmes. On ne peut, par exemple, en déduire la qualité de la véracité, qualité primordiale de la personnalité éthique, à côté de celle de la compassion. Le respect que l'homme doit à sa propre vie lui impose d'être fidèle à lui-même en renonçant à toute dissimulation dont il serait tenté d'user dans telle ou telle circonstance et, en général, de devenir lui-même de la façon la plus profonde et la plus noble.

Par le respect de la vie, nous entrons en relation spirituelle avec le monde. Tous les efforts entrepris par la philosophie qui échafaudait de grandioses systèmes pour nous mettre en relations avec l'Absolu, sont restés vains. L'Absolu a un caractère si abstrait que nous ne pouvons communier avec lui. Il ne nous est pas donné de nous mettre au service de la volonté créatrice infinie et insondable qui est la base de toute existence, en ayant la compréhension de sa nature et de ses intentions. Mais nous entrons en rapport spirituel avec elle, en nous sentant sous l'impression du mystère de la vie et en nous dévouant à tous les êtres vivants que nous avons l'occasion et le pouvoir de servir.

L'éthique qui nous oblige uniquement à nous préoccuper des hommes et de la société ne peut avoir cette signification. Seule celle qui est universelle en nous obligeant à nous préoccuper de tous les êtres nous met véritablement en rapport avec l'Univers et la volonté qui se manifeste en lui.
Dans le monde, la volonté de vie est en conflit avec elle-même. En nous, elle veut, par un mystère que nous ne comprenons pas, être en paix avec elle-même. Dans le monde elle se manifeste; en nous, elle se révèle. Être autres que le monde est notre destinée spirituelle. En nous y conformant, nous vivons notre existence au lieu de la subir.

Par le respect de la vie nous devenons pieux d'une façon élémentaire, profonde et vivante.

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